SMIOM de l'Aspre,
canton de Roquemaure (30)
Il faut attendre le XIXe siècle pour que l’hygiène et la salubrité publiques deviennent un véritable sujet de préoccupation. Les réseaux d’eau potable et de tout-à-l’égout font peu à peu leur apparition.
Les égoutiers enlèvent les boues. On aménage les voies pour qu’elles se nettoient plus facilement et le ruisseau central est rejeté sur les côtés de la chaussée (caniveaux). Le développement de l’adduction d’eau vise à équiper les ménages mais aussi à nettoyer l’espace public.
En 1870, les découvertes de Louis Pasteur se révèlent décisives dans l’histoire de l’hygiène puisqu’il met en évidence le lien entre l’hygiène et la santé.
Louis Pasteur, tableau d'Albert Edelfelt, 1885
Un cours sur le sujet est alors instauré par Jules Ferry à l’école publique. La population comprend enfin les bienfaits de la propreté. La propreté devient un devoir, elle est alors perçue comme un facteur de santé et de bien-être.
En mars 1883, est créée une taxe spécifique « balayage ». C’est aussi la période des grands travaux, entrepris par Haussmann, qui transforment le paysage urbain parisien.
La révolution arrive en 1884 avec le préfet de la Seine Eugène Poubelle qui met en place un premier arrêté le 24 novembre 1883 qui oblige les propriétaires parisiens à déposer leurs ordures dans un récipient spécial, muni d’un couvercle, devant leurs portes afin qu’elles ne soient plus éparpillées dans la rue et qu’elles soient ramassées par les services municipaux. Le préfet Poubelle avait tout prévu : dimension et contenance des boîtes, il avait même imaginé la collecte sélective. Trois boîtes étaient obligatoires : une pour les matières putrescibles, une pour les papiers et les chiffons, et une dernière pour le verre, la faïence ou les coquilles d’huîtres. Par glissement sémantique, les parisiens nommeront ces récipients « poubelles ». Elles amélioreront considérablement la salubrité de Paris et des environs. Cependant la guerre aux détritus et aux habitudes insalubres n’a pas encore triomphé. Le nouveau règlement ne fut que partiellement respecté. Beaucoup de propriétaires négligent les arrêtés du préfet et avant que la pratique ne fasse réellement partie des mœurs il faut attendre la fin de la seconde guerre mondiale. La collecte reste pratiquement inexistante dans les communes dites rurales. Concernant le tri, plus d’un siècle après, on le redécouvre…
Paris montrait cependant la voie puisque le concept gagne les municipalités avoisinantes avec la création de centres de traitement des déchets particulièrement performants dès 1896, à Saint-Ouen, Romainville, Issy et Vitry. Les déchets ou « gadoue » sont amenés dans des tombereaux (voiture en tôle tirée par des chevaux) puis vidés dans une fosse.
Les ouvriers, placés directement dans la fosse, attirent la gadoue dans un transporteur alors que les chiffonniers récupèrent les papiers, chiffons, os, boites de conserve… D’autres ouvriers sont chargés de retirer les ferrailles, poteries, tôles émaillées… afin de ne laisser passer que les matières utiles à l’agriculture. Cette gadoue ainsi triée est ensuite broyée et transformée en engrais (ou proudro) et ce qui ne peut pas l’être est détruit dans des fours qui produisent de la vapeur et de l’énergie électrique. Enfin le concept d’une gestion des déchets responsable est né.
A la fin du XIXe siècle, l’industrie utilise de plus en plus de matières plastiques et l’agriculture utilise les engrais issus de la carbochimie (phosphates fossiles, fertilisation azotée), ce qui entraîne le développement du système des décharges.
A la fin de ce siècle, les excréments humains sont retenus dans des fosses situées sous les maisons. Une fois pleines, ces fosses sont vidangées.
Mais l’hygiène en générale est toujours peu développée…
La rue sert toujours de dépotoir public et certains vident encore leur pot de chambre par la fenêtre ! Un ruisseau coule constamment au milieu de la chaussée et, par temps de pluie, il est si important qu’il faut le traverser à l’aide d’une passerelle.
En 1750, Rousseau quitte la capitale en la saluant par un « Adieu, ville de boue ! ». Paris était connue depuis longtemps sous ce vocable puisque Lutèce viendrait du latin lutum qui signifie boue.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Louis Sébastien Mercier, véritable reporter parisien de l’époque, signe de belles formules dans son Tableau de Paris. Il emploie par exemple « O, superbe ville ! Que d’horreurs dégoûtantes sont cachées dans tes murailles ! » ou encore « En général le parisien vit dans la crasse ».
En 1799, une ordonnance de police impose aux propriétaires et aux locataires parisiens de balayer chaque jour devant leur logis.
Des gens pauvres appelés « chiffonniers », récupèrent les vieux vêtements, chiffons, os d’animaux, cheveux et toute sorte d’objets pouvant être réutilisés.
Ce sont les premiers recycleurs : avec les os bouillis on obtient une graisse pour fabriquer des bougies ou des manches de couteau, les cheveux servent à faire des perruques, les tissus à faire du papier…
Henri IV s’occupe de l’alimentation en eau et fait construire la première machine hydraulique pour avoir de l’eau potable.
La pompe de la Samaritaine, collection de dessins sur Paris, par Destailleur, XVIIIe s. Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France
La situation commence à s’améliorer sous Louis XIV (1638-1715) car il ne supporte pas que Paris ait la réputation de « ville la plus sale d’Europe ».
Le ministre Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) oblige drastiquement la population à respecter les décrets concernant le traitement des ordures et la police taxe lourdement les gens qui ne respectent pas la loi. Paris commence enfin à se soumettre.
Les excréments sont toujours jetés dans les rues qui ne sont pas toutes pavées engendrant beaucoup de boues puantes utilisées par les agriculteurs pour fertiliser les champs.
Les déchets de Paris sont toujours déversés dans la Seine qui devient un véritable égout. L’hygiène est toujours inexistante. Les bains publics deviennent des lieux de mauvaise fréquentation mais il n’y a pas d’autre solution pour se laver car les installations individuelles n’existent pas. La prostitution, malgré les nombreux édits qui l'interdisent, sera l'une des causes de la disparition progressive des étuves. Les gens sont encore plus sales.
Les étuves. Valère Maxime, Faits et dits mémorables, Bruges, fin XVe siècle
Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 289, fol. 414v.
En 1506, Louis XIII décide que la royauté se chargera du ramassage des ordures et de leur évacuation. A la taxe prévue pour ce service s’ajoute celle destinée à financer l’éclairage axial des rues. La taxe prend le nom de « taxe des boues et des lanternes ». L’hostilité générale enterra cette ordonnance pour longtemps.
Les autres initiatives prises par Louis XII et François Ier ne sont pas respectées, à savoir nettoyer les rues et porter les ordures hors de la ville. Les communes sont dans un état de saleté insupportable pour nos sociétés modernes.
Il y a donc de nouvelles épidémies entre 1500 et 1530 dont la peste en 1522 qui s’abat sur les quartiers où les déchets grouillent de bactéries infectieuses.
Les conseils de médecins imposent par ordonnance, en 1531, que toutes les maisons soient dotées de fosses et on interdit, dans Paris, l’élevage de cochons, oiseaux, lapins, pigeons…
Vers 1550, Henri II tente de retrouver les égouts pour les faire nettoyer mais ils sont difficiles à localiser. Il interdit les « trous penais » qui polluent la nappe et impose le nettoyage des rues et la construction d’une fosse dans chaque maison. Cependant ces fosses sont poreuses, fissurées et laissent échapper des matières dans les puits voisins.
Les habitants sont peu impressionnés par tous ces décrets donc, en 1553, le parlement se doit de leur interdire de jeter leurs déchets par les fenêtres et se doit de condamner toute personne qui jetterait encore ses déchets dans la rivière ou sur la voie publique.
Les hommes commencent à se regrouper dans des villes vers l’an 1000 et ce sont les villes qui sont les plus grandes productrices de déchets. Le nombre d’habitants peut atteindre un million. C’est une population considérable qui se désiste de déchets de toute sorte : allant au plus court les habitants jettent dans les rues ou rivières les ordures, les excréments, les carcasses d’animaux et, malgré cela, on boit l’eau de la Seine ! Au moyen âge les rues sont en terre battue, souvent boueuses à cause des pluies, boue mêlée de sang des abattoirs ainsi que des urines et des fécès. On comprend mieux pourquoi les nobles refusent de se déplacer dans les rues autrement qu’à cheval ou en fiacre. Les odeurs sont pestilentielles, les bactéries exposées à l’air se développent et sont à l’origine d’épidémies meurtrières.
Paris au Moyen-Âge
Aussi, en 1185, le roi Philippe II Auguste, incommodé par la puanteur et soucieux d’apporter une conscience sanitaire à son royaume afin de diminuer les épidémies, commande au prévôt de Paris d’organiser avec les bourgeois le pavage des rues principales et de créer des canaux ainsi qu’un fossé central pour l’évacuation des eaux de lavage des rues. Quatre cent ans plus tard seule la moitié des rues est pavée.
Pavage des rues et caniveau central
Au XIIIème siècle, des règlements sont imposés pour remédier au manque d’hygiène : paver toutes les rues, nettoyer une fois par semaine devant sa maison, ne pas jeter les déchets par les fenêtres et ne pas laisser trainer les déchets. Une volonté d’assainissement commence à s’installer mais les mœurs de l’époque sont telles que les gens de l’époque n’ont que faire de la propreté. L’absence d’égout fait que les caniveaux au milieu des rues pavées sans trottoirs servent de rigole d’écoulement pour évacuer les eaux de pluie et les eaux usées déversées par les habitants.
Un grand nombre de maisons sont équipées de lieux d’aisance (toilettes) placés dans les greniers qui s’écoulent dans le ruisseau au milieu de la rue. Les gens du Moyen Âge se baignent dans des étuves (bains publics).
Chacun doit déverser ses déchets dans des puits, appelés « trou penais », installés dans chaque quartier. En 1343, Charles V arrive au pouvoir et décrète l’interdiction de jeter ses déchets dans la Seine. Pour favoriser le respect de cette nouvelle mesure, il fait creuser des fosses destinées à accueillir les détritus, elles sont couvertes afin d’éviter les odeurs. Une fois encore une bonne partie de la population reste sourde à cet acte de bon sens et la Seine continue de charrier des ordures en quantité. Comme les gens ne respectent pas les règlements, les déchets trop encombrants sont abandonnés dans des dépotoirs aux abords des villes. Les habitants ne portent pas leurs déchets aux endroits prévus et la pollution de la Seine entraine des épidémies de peste. La plus important fut la Peste Noire de 1347 qui fit des millions de morts en Europe. A cette époque, on pense que la maladie vient des odeurs et non pas des bactéries qui se développent dans les ordures puisque leur existence est inconnue.
La peste noire de 1347
En 1348, une ordonnance du prévôt de Paris prononce pour la première fois des amendes contre le défaut de nettoiement.
Les seuls qui nettoient la ville en mangeant les ordures ce sont les cochons qui vivent en liberté.
C'est dans l'Antiquité que la production de déchets prend une importance telle que des mesures s'imposent. A Athènes, les grecs inventent les toilettes publiques et emportent leurs déchets hors de la ville. A Rome, les romains installent aussi des toilettes publiques et des fosses en dehors de la ville pour déposer les ordures et les restes d’animaux sacrifiés.
Anciennes latrines grecques
Latrines romaines (Vaison-la-Romaine)
De véritables réseaux d’égouts existent.
Egout romain (Narbonne)
Dans les deux cas, ce sont les esclaves qui sont chargés d’éloigner les détritus. Ils les abandonnent loin des cités. Des archéologues ont ainsi pu découvrir, profondément enfouies, des décharges contenant des objets de la vie courante comme des amphores, des débris de poterie, des objets personnels brisés…
Débris de poteries antiques (Nouâtre)
Les quantités ne sont pas très importantes car comme les citadins consomment peu, ils jettent peu. Les milieux ruraux, les plus pauvres, ne jettent pas. Tout est réutilisé, réparé ou détourné pour un nouvel usage. Par conséquent, les déchets sont surtout organiques ; ce sont les déjections humaines et animales, les carcasses d’animaux, les végétaux non comestibles… Certaines villes font des fosses dans lesquelles vont être entassées toutes les matières organiques. Ils pratiquent le compostage, au même titre que les habitants de la campagne. D’autres villes, par facilité, préfèrent déverser leurs ordures dans les cours d’eau sans se préoccuper du problème des déchets.
Durant des millénaires, la gestion des déchets ne pose pas de problèmes particuliers. Les hommes préhistoriques laissent les restes de nourriture sur place et la nature se charge de les faire disparaître. Ils sont produits en petite quantité et se décomposent selon le cycle naturel. Ils réutilisent tout ce qu’ils peuvent : les os des mammouths servent à construire des huttes et ceux des rennes à faire des propulseurs de javelots ou des harpons de pêche. Avec d’autres os on faisait des poinçons pour percer les peaux et des aiguilles pour les coudre.
"L'Encyclopédie de l'Homme Préhistorique" Editions Gründ.
L'Homme de Neandertal
Animations scolaires Saint Geniès de Comolas
Visite de la déchèterie de Montfaucon
Exposition à Tavel : à noter l'erreur faite dans l'article, les affiches ne sont pas de la Sivom mais bien du SMIOM de l'Aspre!
Nettoyons la nature à Saint-Geniès-de-Comolas
Nettoyons la nature à Montfaucon
Nettoyons la nature à Saint-Laurent-des-Arbres